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Je vous présente Maurice.

Maurice est mon accoucheur d’histoires.


D’un gris sobre et élégant, rembourré et accueillant, je l’entends souvent me murmurer de venir le rejoindre. En mon absence, il doit en faire de même avec ma petite chatte Pookie, car je la retrouve régulièrement blottie en son sein, m’obligeant parfois à la déloger quand me vient l’envie de m’y installer à mon tour.



Maurice trône, impassible, dans l’un des endroits préférés de la maison, au pied d’une ample bibliothèque perchée sur une mezzanine, ouverte en contrebas sur le salon. Confortablement installée sur Maurice, telle une vigie, je jouis ici d’un refuge idéal pour me plonger dans mes écrits tout en gardant un œil et une oreille sur la vie de la maison.


Cette bibliothèque qui me surplombe est à la fois source d’inspiration, d’énergie et de motivation. Je rêve d’y voir un jour mes propres romans s’y faire une place, entourés de l’amoncellement de livres, BD et CD qui en débordent déjà. Car force est de constater que le métrage linéaire nécessaire pour accueillir toutes les inspirations littéraires et musicales de ma famille a été largement sous-estimé. En conséquence, à mes pieds, les livres qui ont perdus la bataille s’empilent, jouxtant les boites de puzzles et de jouets des enfants. Face à ce capharnaüm de papier, une grande fenêtre laisse entrer la lumière et, selon l’heure de la journée et l’humeur de la météo, un rayon de soleil vient parfois me chauffer les pieds.



C’est ici, portée par Maurice, que l’histoire de Jane et de ses amies a vu le jour. Elle a muri en moi bien des mois, mais la maïeutique des mots n’a réellement débuté qu’une fois installée sur ce fauteuil. Viriginia Wolf dirait peut-être que Maurice est ma version personnelle de « Une chambre à soi »*, mon antre de création.


Tôt le matin, tard le soir, entre deux autres obligations, je ressens toujours le même plaisir à venir m’y réfugier, mon fidèle ordinateur sur les genoux. Je peux alors faire courir mes doigts sur le clavier et laisser s’exprimer mes personnages et mes émotions. Sans jugement, sans pression aucune, hôte de mes doutes et de mes envolées, Maurice m’accompagne. Il est le passeur entre vous et moi, et je compte bien lui confier encore bien des pages blanches à noircir.


Je vous présente Maurice, la sage-femme de mes écrits.






*Référence au pamphlet « A room of one’s own » par Viriginia Wolf, « Une chambre à soi » où elle démontre avec une irritation voilée d’ironie la difficulté pour les femmes d’exprimer leur art dans une société où elles sont savamment placées sous la dépendance spirituelle et économiques des hommes et, donc, réduites au silence. Il manque à celles qui sont douées pour affirmer leur génie de quoi vivre, du temps et « une chambre à soi ». Publié en 1929, cet essai semble encore bien actuel, tant la vie de la femme moderne laisse encore trop peu d’espaces et de temps pour se consacrer à son art. Autres causes, mêmes conséquences !

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